INTERDICTION DE PÊCHE A PIED PROLONGÉE OU
RÉPÉTÉE
Ce joli mois de mai 2022, aura été celui des interdictions
successives de pêche à pied sur notre côte.
La coupable répond au doux nom de Dinophysis , une
microalgue planctonique, productrice de toxine, qui revient chaque
année, et semble aimer de plus en plus notre littoral.
Voir plus loin, son joli profil photographié lors de notre atelier
plancton, début mai.
Concentrée dans la chair des coquillages filtreurs (groupe des
Mollusques) qui se nourrissent de plancton en filtrant l’eau de mer, la
toxine est responsable de troubles digestifs parfois sévères. Ils
surviennent très rapidement après consommation (entre 30 minutes et 12
h donc plus vite qu’avec les bactéries, virus ou parasites).
Tous les mollusques bivalves sont potentiellement porteurs de toxines et
la cuisson ne les détruit pas (elle est dite thermostable). L’an
dernier nous avons évoqué des contaminations par d’autres toxines
planctoniques..
Nous avons à plusieurs reprises réclamé à nos élus, un affichage clair
et immédiat des communiqués préfectoraux d’interdiction, à la fois en
mairie et surtout sur les lieux de pêche, au Gorgen entre autres, mais
également sur Brigneau et le Merrien concernés également par
cette contamination.
Malheureusement, cela n’est toujours pas réalisé ! Exception faite l’an
dernier où l’affichage pour Alexandrium a été effectif. Nous l’avions
évoqué dans une lettre à cette époque là.
En mairie, l’affichage des différents communiqués préfectoraux
n’est pas toujours clair, voire contradictoire ou incomplet.
Faut-il envisager un affichage numérique ?
Sur les lieux de pêche, rien n’est affiché.
Or, les pêcheurs récoltent en majorité :
- des Mollusques bivalves c’est-à-dire avec une coquille à 2
valves. Les plus faciles à récolter par coefficients moyens et grands :
coques, palourdes, vernis, couteaux ... car à quelques centimètres dans
le sable …mais aussi moules et huîtres en surface , sur supports ,
rochers , pontons etc.....
Ce sont tous des animaux filtreurs. Ils concentrent bien les toxines
présentes dans l’eau de mer qui traverse leurs branchies.
Sans en connaître précisément toutes les raisons, qui tiennent à leur
physiologie, on sait que la filtration et le pouvoir de concentration
ou de rétention varient pour chaque espèce d’animal.
Et les facteurs extérieurs tels que la salinité, le pH, les courants,
la température retentissent sur les capacités de l’animal .
C’est pourquoi l’interdiction peut ne pas concerner tous les
coquillages filtreurs et donc, comme actuellement, les coques mais pas
les huîtres.
La
surveillance est sous la responsabilité de l’Ifremer et des
laboratoires agréés qui font les prélèvements (surveillance régulière
dans le cadre des réseaux REPHY et REPHYTOX d’où viennent les alertes).
Tous les types de coquillages sont surveillés étroitement dès la
détection de Dinophysis dans l’eau de mer des zones conchylicoles et
points prévus par Rephytox. Les interdictions préfectorales en
découlent.
Les pêcheurs récoltent aussi :
- des Mollusques à coquille unique, ce sont des Gastéropodes,
non filtreurs comme les ormeaux, (pêche très réglementée pour la taille
et la saison), les bigorneaux et "berniques" etc.... Ces
derniers s’alimentent en râpant ou en broutant leur nourriture et
ne concentrent donc pas les toxines. Ils sont donc rarement concernés
par les interdictions liées aux toxines.
Des confusions sont souvent faites avec les termes, bivalves,
filtreurs, fouisseurs qui apparaissent dans les communiqués de presse
préfectoraux .
Le fouisseur est un coquillage qui se cache et s’enfonce dans les
sédiments.
Essentiellement bivalve, il est donc filtreur et fouisseur à la fois,
comme le couteau, (alors que les huîtres et les moules sont filtreurs
mais non fouisseurs car elles restent en surface des sédiments).
Ne résistons pas à partager le plaisir d’une sympathique et
instructive rencontre, lors
de ce beau mois de mai qui a vu l’enthousiasme de certains pêcheurs
brutalement refroidi.
Comme pour ce gentil couple de retraités, habitués de longue date à
«leur coin» et qui arrivent d’un bon pas, avec leurs jolis seaux blancs
et leurs outils... Abordés avec prudence, ils réagissent :
«Une interdiction ? Mais rien n’est affiché.
Une toxine ? Une microalgue responsable ? Mais on nous a dit que
toutes les algues sont bonnes en Bretagne".
Et oui, les évidences ne sont pas les mêmes pour tous ! Microalgue
planctonique et macroalgue, tous ne comprennent pas.
Et quand on suggère la possibilité de voir
l’affichage en mairie ? « Ah bon , on y va jamais, on y pense pas
… De toute façon, pas sûr qu'on comprendrait … C’est écrit en
petit ? Et si on doit y aller tous les jours !"
"Les sites internets ? N’en parlons
pas ou alors il faudrait que cela apparaisse sur la première page de
l’ordinateur quand on l’ouvre … oui oui , comme on voit s’afficher
l’info sur l’Ukraine quoi !
C’est sérieux quand même ! » (sourire un
peu triste)
« Non , mais, c’est ici qu’il faut
afficher, sur le parking, en GROS , et en bas de l’escalier ! Et
il faut mettre les noms des coquillages qu’on ne doit pas récolter et
ceux que l’on peut prendre ! »
Tiens, tiens , cela ne ressemble t’il pas
curieusement à ce que nous réclamons depuis plus de 2 ans, sans
succès... Le bon sens quoi !
« Ah bah alors … » ...et voilà qu’arrive le
« que va t’on manger ce midi ? » ironique .
Réponse qui se veut consolatrice : il reste les bigorneaux, les
berniques …
" Ah, pourquoi ils ne sont pas mauvais ceux-là ? "… Et c’est
reparti pour les explications sur les bivalves filtreurs et autres
coquillages non filtreurs …
Cet échange bon enfant est très révélateur du degré de connaissance
ou de conscience de la population, faute d’information bien ciblée ou
de média adapté.
Et pourtant, on ne peut nier l’attente des «gens du coin» et pas
seulement des touristes !
Ce genre d’échange se répète régulièrement à chaque
interdiction de pêche à pied sur notre littoral.
Nous suggérons donc un affichage clair et immédiat sur les lieux
mêmes, en listant les coquillages concernés si possible :
- Interdiction des coquillages filtreurs sauf les huitres en citant ces
coquillages interdits : coques, palourdes, tellines, couteaux, vernis,
moules …
Nous souhaitons une attention particulière portée à la cohérence
dans l’affichage des communiqués successifs en mairie.
Continuer à faire référence :
- au site de pecheapied-responsable.fr car on visualise immédiatement la
zone (c’est ce qui est déjà fait dans le communiqué préfectoral)
Rappeler aussi :
- les bons comportements pour une pêche responsable : ne pêcher
que la quantité nécessaire à sa propre consommation, car la vente est
interdite et on épuise la réserve. Ce dont se
plaignent déjà certains pêcheurs.
Monique
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