La salle du cinéma Le Kerfany était comble le soir du 4 juin pour assister à la projection du film "Les moissons du futur" en présence de la réalisatrice.
Marie-Monique Robin est une journaliste, réputée pour son travail d'investigation précis et rigoureux, qui a réalisé de très nombreux documentaires avec, chevillée au corps, la volonté de défendre les droits de l'homme sous toutes leurs formes. Elle a, par exemple, dénoncé le trafic d'organes en Amérique latine ("Voleurs d'yeux", 1993), les tortures des prisonniers irakiens par les soldats de l'armée américaine ("Torture made in USA", 2009) ...
Parmi les nombreux prix reçus, citons le prestigieux prix Albert Londres en 1995. Elle recevra la Légion d'honneur ce samedi 8 juin à Notre-Dame-des-landes.
Est-ce parce qu'elle est fille d'agriculteurs? Elle s'intéresse aussi de près au monde agricole. Le film "Les moissons du futur" est le troisième d'une trilogie. Les précédents ont pour titre "Le monde selon Monsanto" et "Notre poison quotidien". Ces documentaires ont été diffusés sur Arte.
A l'origine de celui-ci, une émission de télévision où d'aucuns (ministre de l'agriculture ou patron de l'industrie agro-alimentaire) ont affirmé de façon péremptoire que, si on supprime les pesticides, il sera impossible de nourrir la planète.
Pas d'alternative aux pesticides? Marie-Monique Robin est partie enquêter aux quatre coins du monde, du Mexique au Malawi, en passant par l'Allemagne, le Japon, les Etats-Unis, le Sénégal ... Elle a rencontré des scientifiques mais surtout nombre d'agriculteurs qui lui ont expliqué leurs réflexions, leurs pratiques, leur choix de produire en respectant l'environnement c'est-à-dire en supprimant les intrants (pestides et engrais chimiques). Quant à la menace de baisse de rendement brandie par les firmes agro-alimentaires, le sous-titre du film "Comment l'agro-écologie peut nourrir le monde" affirme que des solutions sont possibles pour résoudre la crise alimentaire mondiale tout en respectant le travail, la santé et le salaire des producteurs.
Après la projection, aux côtés de Marie-Monique Robin, la parole a été donnée à des agriculteurs et à des producteurs de notre région, là, tout près de nous, qui se sont positionnés et ont expliqué leurs méthodes de travail. Un débat animé s'est instauré entre les intervenants et le public. Les questions ont fusé, les témoignages ont afflué. Certains ont tenu à remercier M.M. Robin : ils peuvent prendre appui sur ses enquêtes reconnues pour mener des actions de sensibilisation. Seule, l'heure impérative de fermeture du cinéma a poussé le public enthousiaste et convaincu à quitter les lieux. Les échanges se sont poursuivis pour quelques passionnés à l'extérieur.
N'oublions pas qu'au bout de la chaîne, sous nos latitudes en tous cas, ce sont les consommateurs qui ont le pouvoir d'arbitrer, par leurs choix, les différentes méthodes de production alimentaire et au-delà, d'influencer les décisions politiques concernant l'agriculture tant au plan national qu'au plan européen. Les dangers avérés de la production intensive, le changement climatique, la diminution des ressources fossiles nous condamnent à un changement de cap radical. Il faut en être conscient et anticiper au plus vite.
Loin des prédictions pessimistes, le message de Marie-Monique Robin est porteur d'espoir.
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